Légende du ski

Sportive, combative... Florence Steurer a écrit, dans les années 1964-1972, les plus belles pages de l’âge d’or du ski français. Retour sur le parcours peu ordinaire de cette Burgienne devenue championne de ski alpin puis cheffe d’entreprise.

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Florence Steurer, deuxième en partant de la droite © DR – Collection privée Florence Steurer
Fille de l'athlète Jean Steurer, qui a enregistré des performances en sprint et surtout en saut en hauteur, Florence Steurer-Penz a toujours baigné dans le sport. « Outre son passé d’athlète, mon père, chirurgien-dentiste à Bourg, possédait une véritable passion pour le ski, fruit de son service à l’École militaire de haute montagne à Chamonix. Maman était également sportive, c’est donc tout naturellement qu’avec ma sœur aînée et mon frère nous avons goûté aux joies de la culture physique », se souvient Florence.

À huit ans, en natation, elle gagne dans sa catégorie la traversée du lac d’Annecy et est déjà membre du Club alpin français, section de Bourg-en-Bresse. Immédiatement, son aisance sur les skis, son sens de la glisse, ses qualités de compétitrices sont remarqués. En catégorie scolaire, elle rafle tous les trophées et fait l’admiration de ses camarades de l’école Charles-Robin. En hiver, la jeune Burgienne séjourne dans un chalet à Saint-Gervais en Haute-Savoie : « Mon père nous rejoignait dès qu’il le pouvait et ma mère nous faisait le ski études. »

Du ski amateur à l’équipe de France

Florence gravit, avec facilité, tous les échelons de l’École du ski français. Bientôt, grâce à Claude Penz*, ancien membre de l’équipe de France de ski, qui entraîne les équipes de compétitions, la skieuse cumule les bons résultats. Repérée par Honoré Bonnet, le grand patron du ski national, la Bressane est sélectionnée pour disputer le Grand prix des Gets où elle se classe 11e : un résultat exceptionnel pour son jeune âge. Dès lors, les podiums s’enchaînent, quelques jours plus tard, elle s’offre le titre, convoité, de championne du Lyonnais. En 1964, elle intègre l'équipe de France espoirs, devient triple championne de France dans sa catégorie d’âge. Un rêve éveillé à seulement 14 ans et demi !« À partir de là, j’ai suivi à temps complet tous les stages de l’équipe de France et de Pâques à septembre consacré mon temps aux cours du CNED », se souvient la skieuse.

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Florence Steurer, au centre du groupe © DR – Collection privée Florence Steurer

Un an plus tard, Florence Steurer décroche ses galons internationaux en gagnant de nombreuses courses. « Le Club alpin français, section de Bourg-en-Bresse, m’a toujours supportée. À chaque grand évènement, je recevais un télégramme d’encouragement, de félicitations... Cette fidélité m’a beaucoup touchée », avoue avec émotion la skieuse. En 1966, elle accroche la médaille de bronze du géant des Championnats du monde de Portillo et est, à juste titre, considérée comme la numéro un des jeunes skieuses. Une sportive à la tête bien faite qui obtient deux ans plus tard son bac D (mathématiques et sciences naturelles).

De l’olympisme à l’entreprise

Sélectionnée pour les Jeux olympiques de Grenoble en 1968, elle se classe 4e à 1/100e de la médaille de bronze. En 1972, elle prend sa revanche lors des Jeux de Sapporo au Japon où elle décroche le bronze en slalom et l’argent en combiné. À l’issue, de ce triomphe, la skieuse de 22 ans quitte le « Cirque blanc ». « Après sept années en équipe de France, j’étais fatiguée moralement et physiquement. Surtout, je voulais tourner la page sportive et reprendre mes études. J’ai peut-être raté un titre olympique à l’image de Rosi Mittermaier, une concurente et amie, qui a gagné deux titres olympiques en 1976 à Innsbruck.  », précise Florence Steurer qui ne choisit pas la facilité en intégrant l’École de management de Lyon.

Son diplôme en poche, elle s’épanouit dans l’univers du ski, auquel elle est viscéralement attachée. « J’ai participé au lancement de La Neige Magazine avant de devenir responsable communication des skis Dynastar, directrice de la communication de la Fédération française de ski... ». Forte de ses multiples expériences, Florence Steurer-Penz fonde, avec son amie Christel Pernet et à l’occasion des Jeux olympiques d’Albertville, l’agence de communication Duodecim. « Un nom qui signifie " 12 " en latin, une référence à l’année de naissance de l’agence (dix-neuf-cent-quatre-vingt-douze) et au duo formé pour promouvoir la montagne sous toutes ses formes », précise Florence Steurer qui a passé, en 2007, le flambeau de l’entreprise à sa fille. « Diplômée de l’École supérieure des hautes études commerciales, Amélie continue à bousculer les idées reçues, à innover et à rester à l’avant-garde ! Je suis fière d’elle », s’enthousiasme l’ancienne skieuse.

Mariée au champion de ski Alain Penz**, mère d’Amélie et Simon, qui « ont passé leur diplôme de moniteur de ski en parallèlement à leurs études en écoles de commerce », et deux-fois grand-mère, Florence Steurer coule une retraite heureuse entre Saint-Gervais (Haute-Savoie) et Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), où, clin d’œil de l’histoire, elle retrouve ses anciennes coéquipières Marielle Goitschel, Annie Famose et Isabelle Mir.  

* skieur alpin, vainqueur du slalom 1947 à Mürren, champion de France de slalom en 1948 et 1949. Père d’Alain Penz et beau-père de Florence Steurer.
** skieur alpin, vainqueur de la coupe du monde de slalom en 1969 et 1970, 5e au classement général de la coupe du monde en 1969 et 1970... Il est ensuite parti 4 ans aux États-Unis comme skieur professionnel avant de revenir à Saint-Gervais où il a ouvert le premier magasin louant uniquement du matériel de ski.

Diaporama

Présentation

  • Nom : Steurer-Penz
  • Prénom : Florence
  • Skieuse alpine, co-créatrice de l’agence de communication et d’événementiel Duodecim.
  • Née le 1er novembre 1949 à Lyon, mais habite à Bourg-en-Bresse jusqu’à ses 10 ans.
  • Palmarès : médaillée de bronze en slalom et d’argent du combiné aux Jeux olympiques de 1972 à Sapporo (Japon), médaillée d’argent en combiné et de bronze en slalom lors des championnats du monde de 1972 à Sapporo, médaillée d’argent en combiné aux championnats du monde de 1970 à Val Gardena (Italie), médaillée de bronze en géant lors des championnats du monde de 1966 à Portillo (Chili). 
    En coupe du monde, son meilleur classement général est 2e en 1969, elle fut également deux fois 3e de ce classement général et remporta quatre médailles dans les trois disciplines (slalom, géant, descente). Au cours de sa carrière, elle cumula 12 victoires (géant, slalom et combiné) et vingt-sept podiums.  Quatre fois championne de France : en descente en 1967 et 1969, en slalom en 1969, en combiné en 1969.
  • Distinction : Chevalière de la Légion d’honneur (2009)

Sa vision de la femme

Aujourd’hui encore, les hommes sont étonnés de nous voir arriver à des postes de responsabilité. Il faut continuer à éduquer pour faire tomber les a priori, pour combattre les clichés tenaces. 

Vidéo

À partir de 7m 30s