L’art, sa raison d’être

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© Denis Darzacq
Enfant des Vennes, artiste-plasticienne reconnue, Véronique Ellena puise son inspiration dans le quotidien qu’elle sublime. Suites de portraits, de natures mortes, de paysages... ses délicates mises en scène donnent à voir l’invisible, ouvre la porte des souvenirs... Un travail artistique régulièrement présenté dans de grands musées.  

Née dans une famille modeste d’origine italienne du quartier des Vennes, Véronique Ellena reste profondément attachée à Bourg-en-Bresse. « J’ai vécu ici jusqu’à mes 18 ans. Ce quartier est une boîte à souvenirs et un exemple de vivre ensemble. Ensuite, je suis partie découvrir le monde », confie l’artiste. Reconnue en France et à l’international, la plasticienne et photographe a depuis fait du chemin.

 

Révélation

« Au collège, j’étais plutôt mauvaise élève, le cadre scolaire ne me convenait pas. Au lycée Lalande, mes professeurs de français et d’art plastique ont compris que derrière la punkette qui se promenait avec son rat Titou sur l’épaule, il y avait une vocation artistique à développer. Leur bienveillance a provoqué un déclic », se souvient Véronique. Son baccalauréat Arts plastiques en poche, elle fréquente les Beaux-Arts de Nancy et de Dijon où « les enseignants faisaient souffrir les étudiants et délivraient des appréciations d’une incroyable cruauté ». Inconcevable pour cet esprit libre qui décide d’aller étudier à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles (Belgique) où elle suit durant six ans un enseignement dans la droite ligne du Bauhaus.

Peintre dans l’âme, Véronique Ellena aurait pu choisir les pinceaux, mais a opté, en atelier principal, pour la photographie. Sous la houlette du grand photographe Gilbert Fastenaekens, elle découvre les multiples facettes du « huitième art ». « Il m’a montré l’intérêt du travail de recherche, appris comment on entre dans un sujet, l’émotion que suscite l’image...». 

Photographe, je serai

Une exposition d’Andreas Gursky, en 1987, a fait le reste : « cet artiste était hors normes, il faisait des images immenses pour l’époque et en couleur, bousculait l’ordre établit avec des clichés à la fois humoristiques et graves. » Une révélation qui l’a décidée à devenir photographe. Dès ses débuts, Véronique Ellena porte un regard attentif et humaniste sur les êtres humains et les lieux. « Je choisis mes sujets en fonction de ma vie. Les deux sont intimement liés. Puis, je réalise des séries de photos avec une chambre photographique grand format qui permet de faire d’importants agrandissements, d'obtenir les couleurs et le piqué que je souhaite », précise l’artiste.

Ses photographies centrées sur l’essence du sujet et l’épure séduisent la critique d’art Anne Wauters qui fait connaître son travail en Belgique. Bientôt, Véronique Ellena est repérée par les galeristes, les musées et les collectionneurs au premier rang desquels figure le styliste Christian Lacroix. Perfectionniste, toujours en recherche... l’artiste complète sa formation par un post-diplôme à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Nantes. 

© Veronique Ellena
Ceux qui ont la Foi Le cycliste © Véronique Ellena

Reconnaissance internationale

Auréolée de nombreux prix et bourses, invitée en résidences, la photographe devient pensionnaire de la prestigieuse Villa Médicis à Rome en 2007 où elle réalise la série « Natures mortes », inspirée de la tradition picturale classique. « À la Villa, j’ai découvert l’histoire de ce lieu mythique, l’empreinte des artistes qui m’avaient précédés... Cette année magique m’a ouvert des portes. Il y a un avant et un après la Villa Médicis. » Dopée par ce parcours initiatique, la carrière de Véronique Ellena a rayonné de plus belle.

Reconnue internationalement, l’artiste a depuis été sollicitée de toute part et s’est exprimée à travers d’autres médiums. Après des années passées, avec sa chambre photographique sous le bras, elle a été sélectionnée pour créer un vitrail contemporain pour le millénaire de la cathédrale de Strasbourg. En 2018, le musée Réattu d’Arles lui a consacré une rétrospective : l’occasion de s’immerger dans 30 ans de création. Pas question pour l’artiste de s’endormir sur ses lauriers ! « Je travaille actuellement à la réalisation d’un vitrail inspiré par la Saône pour un parking à Lyon et prépare une exposition au Hangar à Bruxelles... », s’enthousiasme Véronique Ellena. Son souhait le plus cher ? « Revenir en résidence à Bourg-en-Bresse. »

Diaporama

Présentation

  • Nom : Ellena
  • Prénom : Véronique
  • Née à Bourg-en-Bresse en 1966. Elle vit et travaille aujourd’hui à Paris.
  • Artiste-plasticienne et photographe
  • Parcours : baccalauréat arts plastiques au lycée Lalande. Études aux Beaux-Arts de Dijon et de Nancy puis à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles et enfin à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Nantes. 
  • 1992 : sélectionnée pour le Prix de la jeune peinture belge. Exposition Palais de Beaux-Arts, Bruxelles.
  • 1993 : obtient le prix Jules et Marie Destrée, photographie ouverte et expose au musée de la photo de Charleroi (Belgique).
  • 1998 : décroche la bourse européenne Mosaïque
  • 1999 « Les grands moments de la vie », Exposition, Galerie Alain Gutharc, Paris
  • 2000 « Chroniques du dehors et autres hypothèses », Rencontres internationales de la photographie, Arles « Incontros de Image », Braga, Portugal « L’invitation à la ville », Bruxelles. Belgique
  • 2001 « Le plus bel âge », MEP, Paris. Mission pour l’An 2000. DAP
  • 2003 « Christian Lacroix. Dialogues », Musée de la Dentelle, Alençon ; « Gestes », École des Beaux-arts, Printemps de Septembre, Toulouse
  • 2006 « Les peintres de la vie moderne », Centre Pompidou, Paris
  • 2007-2008 : pensionnaire à la Villa Médicis à Rome (Italie)
  • 2012 : résidences artistiques à Bourg-en-Bresse sa ville natale et à la Fondation des Treilles à Tourtour dans le Haut-Var.
  • 2014 : bourse Hors les murs de l’Institut français
  • 2015 : lauréate du concours organisé par le ministère de la Culture pour la réalisation du vitrail du millénaire de la cathédrale de Strasbourg. Elle obtient le prix pour l’intelligence de la main de la Fondation Bettencourt.
  • 2016 : reçoit le trophée de Bressane d’honneur 2015 de l’Académie de la Bresse
  • 2018 : exposition Rétrospective au musée Réattu
  • 2021 : Triennale du Victoria Museum, Melbourne, Australie 

Sa vision de la femme

On est dans un moment où les jeunes générations se saisissent des combats portés par leurs aînées dans les années 1970. Je trouve cela courageux, nécessaire et légitime. J’espère que ces engagements permettront une place plus juste pour les femmes dans la société. J’espère aussi que cela participera du mieux vivre ensemble et apportera écoute et richesse respective.

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